Francis Boyer livre une analyse de la situation économique de notre pays et montre à quel point la recherche des appétences profondes de chacun est indispensable pour une démarche efficace et fructueuse de recherche d’emploi. L’analyse CGP® s’inscrit parfaitement dans cette vision en tant qu’outil détectant les talents naturels de chacun. Le témoignage de Gilles Flichy (ci après) prouve que depuis plus de 20 ans l’analyse CGP® répond de façon efficace et pertinente à cette problématique. L’ appétence : un nouveau concept d’aide à la réorientation professionnelle et au retour à l’emploi – YouTube
L’ART ET LA MANIERE DE REUSSIR SON RÔLE
Abordant la dernière ligne droite de ma carrière professionnelle dans une fonction plus autonome de Directeur Régional des Relations Institutionnelles au sein d’un groupe de protection où j’ai exercé le poste de directeur de site sur la région Auvergne j’ai obtenu en aout 2013 un accord de la DRH pour embaucher une assistante en contrat de professionnalisation afin de m’aider à mener à bien mes missions et en particulier les nombreuses manifestations que j’avais créées en partenariat avec des clubs, des associations professionnelles, des entreprises et des institutionnels sur la région.
A ce moment j’ai pris conscience de l’absurdité de ma situation. En effet je n’avais pas réussi à convaincre ma hiérarchie de mettre en place les conditions d’un véritable transfert de ce que j’avais su créer sur la région en matière de partenariat, de relations institutionnelles et d’animation de réseaux, inexistant dans les autres régions où le groupe est implanté, et paradoxalement mon supérieur hiérarchique me disais que j’étais assis sur « un tas d’or » et qu’il allait m’en déposséder avant mon départ. Persuadé que ce que j’avais pu créer et développer ne pouvait pas s’approprier à travers un « hold-up » mais était bel et bien du ressort d’un transfert sous forme d’apprentissage je décidais que l’arrivée d’une assistante en contrat de professionnalisation représentait une véritable opportunité pour pouvoir enfin transférer durablement ce capital acquis et je décidais ainsi qu’elle en serait la principale bénéficiaire.
Après avoir contacté les écoles de la région formant des BTS en alternance et pris connaissance des dossiers de candidatures qu’ils me proposaient j’ai hésité entre le choix d’un candidat ayant le profil « Assistant de gestion » ou « Communication ». Sur les conseils de l’établissement choisi mon choix s’est orienté vers le profil « Assistant de gestion » et mon attention s’est porté sur un profil atypique celui d’une jeune femme de 25 ans Laura P, plus âgée que les autres candidats, qui avait suivi auparavant une formation d’arts appliqués suivie d’une formation de photographe.
Mon choix s’étant porté sur ce candidat, compte tenu des délais très serrés dont je disposais pour effectuer ce recrutement, et conformément à mes pratiques professionnelles j’appelais l’intéressée et lui proposais de passer le test CGP® avant de lui fixer un entretien de recrutement.
L’analyse des résultats de son CGP® (3.1) qui faisait apparaitre un profil, caractérisé à la fois par une forte indécision et un haut niveau de stress, allait me plonger dans la plus grande perplexité. D’un côté j’étais porté par une forte intuition me poussant à considérer qu’elle était un candidat à potentiel en adéquation avec mon attente et d’un autre côté les résultats du test me faisaient douter de sa capacité de sortir de cette situation d’indifférenciation et d’insatisfaction et donc à pouvoir me seconder avec succès. N’écoutant que mon intuition je me suis dit rapidement que cette fin de carrière m’autorisait à prendre plus de risque que de coutume. Je décidais donc de tenter l’expérience de tout mettre en œuvre pour tenter de faire émerger la véritable personnalité professionnelle de cette jeune femme en difficulté chez qui je ressentais intuitivement l’existence d’un réel potentiel.
Lors de l’entretien je ressentis le stress de la candidate et décidai de m’engager dans la direction choisie en déclarant à l’intéressée, pour la mettre à l’aise, que quelle que soit la nature de ses réponses je prenais l’engagement de la recruter ce qui eut pour résultat de la mettre en confiance et de me permettre de lui expliquer la nature de l’expérience que je souhaitais tenter avec elle.
Dans un souci de transparence et afin de gagner sa confiance je lui dis clairement que je ne serais pas en mesure, au terme de son contrat, de la faire embaucher dans l’entreprise mais que par contre je m’emploierais à l’aider à clarifier son projet professionnel, que je lui
transmettrais le plus largement possible mes acquis et que je lui ouvrirais mon réseau dans le but de la faire connaître, la mettre en scène et de faciliter son embauche dans une entreprise de la région. Elle accepta sur le champ ma proposition. Laura fut donc embauchée fin septembre 2012 en contrat de professionnalisation.
Lors du séminaire d’intégration au sein de son école Wesford, Laura passa avec ses collègues un test de personnalité (RATHUS) orienté vers la communication et les relations interpersonnelles. Les résultats se révélèrent très critiques et décevants (les moins bons de l’établissement) confirmant, en adéquation avec le résultat de son analyse CGP, l’état de stress, de manque de confiance et d’assertivité dans lequel elle se trouvait.
Elle me confia un peu plus tard qu’elle avait souffert de l’insécurité matérielle générée par la situation de ses deux parents artistes et que son choix d’étude actuel, diamétralement opposé à ses premières études universitaires, était en partie dicté par la recherche d’une plus grande sécurité financière et professionnelle.
Dès les premiers jours de son arrivée, après l’avoir présentée à ceux qui étaient amenés à travailler avec elle, je l’impliquais dans les projets en cours que j’aménageais en fonction de sa présence dans l’entreprise et je constatais rapidement qu’elle avait de réelles qualités relationnelles, un grand sens de l’observation, de la sensibilité ainsi qu’un goût partagé entre la réflexion et l’action. Ces qualités propres à la fonction communication étaient complétées par un réel sens de l’organisation qui se traduisait par sa façon de structurer les informations que je lui communiquais, ses prises de notes en réunion et l’organisation de son bureau et de son temps.
La première semaine elle effectua un reportage photo à l’occasion d’un événement « les Fleurs de la Fraternité » dont le but était de mobiliser les salariés de notre site de Clermont Ferrand en les incitant à participer aux côtés d’associations caritatives à la distribution, sur la voie publique, de fleurs destinées à être offertes à des personnes âgées. Elle eut la surprise, suite à l’envoi d’un communiqué de presse rédigé ensemble, de voir une de ses photos publiées dans le Journal La Montagne ce qui eut l’effet de conforter sa confiance en elle.
Mon défi en tant que tuteur, consistait à l’intéresser et à développer son potentiel dans le cadre de missions adaptées. Le caractère non explicite et ambigu du résultat de son test CGP ne m’était pas d’un grand secours pour orienter ma pédagogie et mon accompagnement en fonctions des exigences de sa « Personnalité professionnelle ». Ne disposant pas de cette précieuse information je décidai de me fier à mon intuition et de faire le pari que sa personnalité professionnelle allait se révéler dans l’action au fur et à mesure que je la mettrais en situation.
Je plaçai d’emblée la nature de notre relation sous le signe du compagnonnage, de l’échange réciproque, de la liberté d’expression et de l’humour afin de permettre à la dimension plaisir du travail accompli de pouvoir pleinement s’exprimer. J’ai eu à coeur de l’introduire très rapidement au centre de mon activité en l’associant étroitement aux différents groupes de travail au sein des nombreux partenariats que j’avais tissés : Petits Déjeuners de la Création, Matinales RH, INTERCLUBS, Association Réflexe Brezet…
Laura su rapidement conquérir la confiance, l’estime de chacun par sa joie de vivre, sa disponibilité, son esprit conciliant et son attention aux autres faisant ainsi preuve d’un véritable professionnalisme.
Ayant repéré que son test CGP® quoique problématique faisait apparaitre une tendance « Animateur » et partant de l’hypothèse qu’elle pouvait avoir en puissance une personnalité
professionnelle d’ « Animateur » je m’employais à la pousser progressivement à s’exposer chaque jour davantage et à prendre des risques en lui confiant des taches de plus en plus complexes qui me tenaient particulièrement à cœur tels que la rédaction de communiqué de presse…
Afin de la pousser progressivement à sortir de sa zone de confort sans générer de stress excessif, je lui exprimais clairement qu’en cas d’erreur je la féliciterais systématiquement d’avoir eu le courage de prendre des risques et que je prendrais le temps d’analyser avec elle comment elle pourrait progresser. Les premiers résultats s’étant révélés très satisfaisants, j’observais par ailleurs qu’elle avait réussi, en douceur et avec beaucoup d’entregent, à se faire accepter rapidement par son entourage professionnel et que son bureau était devenu naturellement un lieu de passage où les salariés du site avaient plaisir à s’arrêter pour échanger avec elle.
Constatant que la nature des tâches, responsabilités, que je lui confiais ressortaient plus de la fonction « Communication » que de celle d’une « Assistante de gestion » je dus reconnaitre qu’il me serait difficile de répondre à toutes les exigences de son programme qui exigeait qu’elle accomplisse des tâches de gestion et de comptabilité situées à la périphérie de mes activités.
C’est ainsi que, conforté par ses premiers résultats et mes premières observations, je me risquai à lui exprimer qu’à mon sens elle avait pu commettre une erreur d’orientation et que je pensais qu’un BTS « Communication » était plus en adéquation avec sa personnalité qu’un BTS « Assistant de gestion ».
Les pépites de joie que je perçus dans son regard mêlé à la tristesse de sentir qu’il était peut-être trop tard pour infléchir son choix m’amenèrent à adopter une double attitude. La première de l’inciter à rencontrer sa directrice pour s’ouvrir à elle sans détour sur le fruit de nos réflexions et la seconde de m’engager à assurer l’atterrissage de ce projet, décidant que si elle n’aboutissait pas dans sa démarche je reprendrais le flambeau dans la foulée et rencontrerais personnellement sa direction pour achever de les convaincre du bien-fondé de notre requête.
Sa démarche ne s’étant révélée pas immédiatement concluante, je la félicitais d’avoir eu l’audace d’exprimer son désir et je rencontrais sa direction l’assurant de retombées positives qu’elle pourrait tirer de cette expérience si nous réussissions ce pari. J’en profitais pour associer son école au Forum de l’emploi des entreprises du Brezet (450 entreprises représentants 120000 salariés) que Laura organisait avec une autre étudiante « Assistante de Gestion » de Wesford, apprentie, comme elle, au sein du centre commercial NACARAT sponsor de l’opération. Dans ce cadre je promis à Wesford de faire paraitre, à l’occasion de ce Forum, un article consacré à Wesford dans un nouveau journal économique entièrement publié sur le WEB et qui remportait un franc succès d’audience depuis sa création en janvier 2013.
La direction de Wesford ainsi que mon entreprise acceptèrent cette reconversion qui intervenait moins d’un mois après le démarrage de ses cours et les effets de ce changement furent immédiatement observables. Je tins ma promesse et deux articles parurent dans le Journal de l’Eco, l’un entièrement consacré à Wesford et l’autre relatant sous forme de «Storytelling» l’expérience de tutorat que j’étais en train de vivre avec Laura et qui faisait la part belle à son école. Quelques jours plus tard après m’avoir salué un vendredi soir juste avant le week-end j’entendis à nouveau toquer à ma porte et j’eus la surprise de découvrir le sourire radieux de Laura qui m’annonça sans détour que décidemment « la vie était belle » avant de tourner les talons et de s’éclipse